Faire de son corps son allier avec le travail somatique, mais en premier qu’est qu’est que le somatique ? La définition la plus courante du mot ‘somatique’ que l’on trouve est : ce qui est relatif au corps, en dehors du système reproducteur. On l’oppose souvent au terme ‘psychique’ lié aux activités mentales. Le mot somatique est aussi associé au mot ‘organique’ en référence à la matière vivante qui nous compose, cette matière qui change et évolue constamment.

Nous sommes ici dans cette conception classique de la médecine moderne où le corps et l’esprit sont divisés. Pourtant, somatique est, d’après ma compréhension, la façon dont la psyché habite le corps, ou comment le corps se laisse habiter par la psyché. Le soma est le point de rencontre où corps et esprit se rencontre, où ils se fondent l’un dans l’autre.

Ok ok, moi-même, je trouve cela compliqué à comprendre et conceptualiser.

Donc reste avec moi, nous allons démêler cela ensemble !

Passage de vie :

mon introduction au monde somatique

Le concept de somatique m’est apparu au tout début de mes formations de massages lorsque j’avais 18 ans. J’étudiais avec Isabelle Trombert en France une forme de massage californien au sol dans son école alors appelé Ahimsa. Je n’avais alors aucun intérêt pour le yoga et la spiritualité. Je venais d’échouer ma première année de médecine et je commençait ma licence en psychologie (premier cycle universitaire français). J’étais cartésienne et bien éduquée selon les normes françaises et son système d’éducation formel.

J’avais cette fascination déjà pour le corps, le lien avec l’esprit, le langage corporel, et j’apprenais alors à écouter le corps, son mouvement naturel, à me connecter avec celui-ci. Et en parallèle, j’apprenais la théorie de l’esprit et des relations humaines.

J’ai finalement rencontré Milèna May Bergeron et le Deep Flow, j’avais 20 ans. Deep Flow et Mee m’ont emmené plus profondément encore dans cette exploration et m’ont touché. Mais mon esprit cartésien l’a rejeté et mis de côté. J’ai approfondi ma compréhension biomécanique du corps, poussé mes compréhensions théoriques de l’esprit.

Jusqu’à mes 27 ans où j’ai reconnecté avec Deep Flow, puis le yoga et plus récemment l’embodiment.

It’s like falling into a rabbit hole…

Somatique, le corps mais bien plus :

Un peu de Neuroscience

Je vais faire cela au plus simple pour ne pas avoir un livre à la place d’un article de blog.

Première constatation à faire d’un point de vue neurologique est que nos activités mentales sont basiquement des impulsions électriques au sein de notre système nerveux.

Notre système nerveux étant notre cerveau-cervelet, notre moelle épinière, les nerfs qui nous parcourent et les récepteurs sensoriels au bout de ceux-ci.

Les récepteurs sensoriels captent l’information, le cerveau-cervelet la stock et la traite et le reste l’a fait circuler.

Mais concrètement, le système nerveux, le cerveau, la structure qui garde nos souvenirs, apprentissages et nous fait agir et réagir, est une partie intégrante de notre corps. Une partie qui vie, change, évolue en fonction de ce que l’on perçoit.

La seconde chose importante à noter vis-à-vis du système nerveux est que 70% des influx nerveux sont dit afférents. En langage plus simple, 70% de l’information qui circule dans notre système nerveux provient du corps et va vers le cerveau et non du cerveau vers le corps (dit éfférant). Donc, nous ressentons plus que nous agissons et pensons. Notons avec cela que le système nerveux n’est pas la seule façon de faire circuler de l’information, le système endocrinien via les hormones a aussi un gros rôle à jouer et ne fait partie de cette équation.

En conclusion, du point de vue du fonctionnement primaire du corps, le corps et l’esprit sont non seulement indissociables, mais le corps répond très peu de notre volonté consciente.

Somatique, une histoire de Soma

Étymologiquement, Soma est un mot grec signifiant corps.

Mais Soma signifie corps au sens large : corps humain, corps de l’animal, corps de la plante, corps céleste, corps en tant que petit groupe de personnes aussi.

Donc lorsque l’on dit que ‘somatique’ fait référence à ce qui est en lien au corps, la compréhension étymologique devient un peu plus compliqué…

Soma fait référence au corps vivant en général. De ce fait, le travail somatique est une façon de, non seulement réintégrer notre corps organique de matière physique, mais aussi une façon de réintégrer notre place dans le grand ordre naturel du vivant.

Juste ça, une petite ambition décontractée.

Somatique, l’expérience de soi à la première personne

Lorsque l’on va dans des explorations somatiques, on cherche à développer un rapport à son corps à la première personne dans toute sa complexité proprioceptif. C’est-à-dire que ce que l’on ressent comme signaux immédiats à l’intérieur de nous, sont priorisés sur les théories et ce à quoi ça devrait ressembler.

Ce travail s’oppose à l’approche du corps à la troisième personne, comme un objet d’étude dissocié de nous que la science classique à fait. Pour mieux comprendre les mécanismes, l’étude scientifique à objectiver et à dissocier les parties les unes des autres, ce qui a de la valeur pour raffiner notre compréhension, émettre des théories, diagnostiques et donc des protocoles de soin. Ce qui est tout à fait valide et a permis à l’humanité de s’améliorer sur bien des points, je tiens à le noter. Mais dans certaines situations, cela peut être un peu limitant…

L’approche somatique reconnaît, observe et travaille à partir d’un corps comme une seule unité fonctionnelle, un ensemble interconnecté. Les différents systèmes (respiratoire, digestif, sanguin, etc) s’influencent non seulement les uns et les autres, mais travaillent ensemble pour maintenir l’homéostasie du corps, le garder en santé. Ou encore ce qui se passe à la cheville va influencer l’épaule et la mâchoire.

Faire de son corps son allier :

Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

Éducation somatique, ressentir, découvrir et choisir

Le but du travail somatique est de devenir plus conscient de cette inter-connectivité via l’expérience. En éducation somatique, on fait l’expérience de soi avec le mouvement pour observer où est ce que l’on bouge et où est ce que l’on ne bouge pas. On raffine notre compréhension de nous même et développe notre façon d’agir avec nous même et réagit avec le monde.

Par ces pratiques, que l’on cherche à mettre de la conscience dans le corps et le mouvement pour transformer ses réflexes automatiques et involontaires en actes réfléchis et contrôlés. L’humain est un animal d’habitude, nous faisons ce qui a fonctionné auparavant. L’éducation somatique permet de réévaluer nos habitudes pour les faire évoluer, choisir ce que l’on va faire dans notre corps et donc qui on a envie d’être.

Somatique ou Embodiment?

En français, le mot somatique est plus présent, mais dans le monde anglophone les mots Somatic et Embodiment existent. Somatic fait alors en anglais plus référence au travail de Thomas Hanna et tout le courant de travail psycho-corporel de l’ouest. Les approches Alexander et Feldenkrais sont les premiers à avoir approfondi cette approche au début du 20ᵉ siècle.

Pourtant, je vois une différence entre ces deux termes :

Somatique est le rapport à soi et comment on existe dans son espace et embodiment a une valeur plus sociale, comment on se parle à soi-même et interagit avec les autres et notre environnement.

Mais étant donné que le mot embodiment n’a pas de traduction satisfaisante (mon article sur le sujet ici), en français les deux mots sont interchangeables.

Qu’est-ce que ce que les approches somatiques peuvent faire pour moi ?

Amélioration de la posture :

En prenant conscience de comment on se tient dans l’espace, on peut l’influencer et donc mieux travailler à aligner notre colonne et tout le corps et général ; mais aussi utiliser nos poumons à leur pleine capacité va permettre cette amélioration

Réduire et prévenir les problèmes musculo-squelettiques :

Beaucoup des douleurs de ce système sont dues à des contractions involontaires, on oublie de relâcher certaines parties du corps ou d’en engager d’autre. De plus, développer plus de conscience corporelle permet de limiter les occasions de se blesser avec des faux mouvements et accidents.

Apporte plus de bien-être et d’énergie :

Les pratiques permettent d’optimiser la façon dont nous bougeons en nous permettant d’arrêter de dépenser de l’énergie inutilement et donc d’en avoir plus en général. Le tout en développant une plus grande liberté de mouvements. Lorsque l’on bouge et respire avec aisance, tout va mieux ! Essaie, je t’assure ça fonctionne !

Supporter toutes tes autres activités :

Que ce soit la façon dont tu t’exprimes, danses, interagis avec le monde, lorsque tu te sens mieux dans ton corps et te comprends mieux, tout devient plus facile, tu réagis moins pour agir de façon plus réfléchie et contrôlée. Même la façon dont tu coupes tes carottes peut devenir plus fluide 😉

Conclusion

Le monde somatique a une multitude de branches et de sous-branches qui ont tous comme objectif une chose : partir à sa rencontre et devenir son meilleur allier. Il s’agit d’explorer qui l’on est (Svadhyaya en yoga). L’éducation et les pratiques somatiques servent ce but, trouver l’équilibre à l’intérieur de soi entre contrôle et lâcher prise. Faire le juste effort avec son corps permet d’apprendre à faire le juste effort dans la vie en général (Sateya en yoga). Bien qu’il s’agisse d’une discipline rattachée à l’ouest, les pratiques somatiques ont des liens avec les disciplines plus anciennes et notamment le yoga, elles se sont juste adaptées à un autre public et à une autre époque.

Prendre soin de soi, de ce lien intime que l’on entretient avec son corps est primordial : nous n’existons pas sans celui-ci !
Comment vas-tu développer ou comment vas-tu approfondir ce lien intime avec toi-même ?

Pour travailler ensemble c’est ici
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